La guerre ne résout jamais les problèmes. Le cri des papes, d'hier et d'aujourd'hui. Editorial d'Andrea Riccardi
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La guerre ne résout jamais les problèmes. Le cri des papes, d'hier et d'aujourd'hui. Editorial d'Andrea Riccardi

crédit (c) Vatican Media

Les conflits doivent être arrêtés avant qu'ils ne deviennent des tragédies irréparables. Puisse chaque communauté être une maison de paix.

Karol Wojtyla, pendant les années sombres de la guerre froide, écrivait dans un poème : « Je crois que l'homme souffre surtout d'un manque de vision ». Il ne voyait pas l'avenir. Dans un contexte différent, c'est la situation que nous connaissons actuellement. Alors que les guerres se poursuivent, nous sommes ballottés entre des nouvelles fluctuantes de combats, de bombardements et, d'autre part, de rencontres possibles. Il n'y a pas de vision globale parmi tant de revendications partisanes et d'accusations mutuelles.

Lors de l'Angélus du 22 juin dernier, Léon XIV a affirmé une priorité : « Aujourd'hui plus que jamais, l'humanité crie et invoque la paix. C'est un cri qui demande responsabilité et raison et qui ne doit pas être étouffé par le fracas des armes et les discours rhétoriques qui incitent au conflit. Chaque membre de la communauté internationale a une responsabilité morale : mettre fin à la tragédie de la guerre avant qu'elle ne devienne un gouffre irréparable... ».

Il a réitéré la pensée de l'Église sur l'inutilité de la guerre : « La guerre ne résout pas les problèmes, elle les amplifie et produit des blessures profondes dans l'histoire des peuples, qui mettent des générations à cicatriser ». Il a ensuite demandé : « Que la diplomatie fasse taire les armes ! ». Telle est la vision ferme de l'Église, fondée sur une longue expérience qui révèle que la guerre laisse le monde pire qu'elle ne l'a trouvé (pape François).

Les papes ont toujours indiqué la paix comme l'objectif à atteindre par la négociation et la diplomatie. Léon XIII s'est engagé dans des médiations internationales. Benoît XV, en 1917, pendant la Première Guerre mondiale, a proposé un accord pour mettre fin à ce « massacre inutile ». Il a été ridiculisé et attaqué comme défaitiste par les différents nationalismes. À l'aube de la Seconde Guerre mondiale, Pie XII déclarait avec inquiétude : « Rien n'est perdu avec la paix. Tout peut l'être avec la guerre. Que les hommes reviennent à la compréhension mutuelle ». Rien n'est insoluble dans le dialogue. C'est la conviction, très chrétienne, de l'Europe après 1945, que Jean Monnet exprimait comme une règle d'or : « Mieux vaut se disputer autour d'une table que sur un champ de bataille ». Au cours des deux derniers siècles, l'Église catholique a ressenti avec plus de force l'Évangile de la paix : « Ce n'est pas l'Évangile qui change, c'est nous qui commençons à mieux le comprendre », disait le pape Jean XXIII, qui a laissé comme testament l'encyclique Pacem in terris, entièrement consacrée à la paix. Le pape savait que les catholicismes nationaux pouvaient être la proie de l'esprit nationaliste. Nous le voyons aujourd'hui. Dans le monde orthodoxe, dans le conflit russo-ukrainien : des Églises issues de la même racine bénissent la guerre menée par leur propre pays.

Mais comme le disait le pape François : « L'Évangile est toujours un Évangile de paix, et au nom d'aucun Dieu on ne peut déclarer une guerre « sainte ». Le ministère de paix du pape est une grande richesse pour le monde. Mais il ne peut être isolé.

Léon XIV a demandé à l'Église italienne de s'engager pour la paix : « Que chaque communauté devienne une « maison de paix », où l'on apprend à désamorcer l'hostilité par le dialogue... La paix n'est pas une utopie spirituelle ». La paix n'est pas réservée aux grands, mais elle concerne tout le monde dans la prière, dans la participation éclairée aux événements du monde, dans l'engagement à nous libérer de la culture du conflit qui se répand dans les sociétés. En somme, soyons tous « un peuple de paix », comme le disait un ancien Père de l'Église.

Éditorial d'Andrea Riccardi dans Famiglia Cristiana du 6/7/2025

[traduction de la rédaction]