Léon sera un pape de la question sociale. Editorial de Marco Impagliazzo pour La Nuova Sardegna
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Léon sera un pape de la question sociale. Editorial de Marco Impagliazzo pour La Nuova Sardegna

L'élection du pape Léon XIV a surpris plus d'un observateur. Notamment parce que les pronostics, surtout ceux des journalistes à la veille de l'élection, ne le désignaient pas comme l'un des candidats les plus papabile, mais seulement comme un candidat médiateur en cas d'impasse entre des candidats plus forts. Une fois de plus, on a sous-estimé le fait que l'Église est une réalité internationale, qui ne connaît pas de frontières. Une réalité globale qui s'appuie sur des critères qui ne peuvent être assimilés à ceux du monde politique. L'élection s'est déroulée très rapidement, au quatrième tour de scrutin, tenant compte de la règle de la majorité requise des deux tiers. Une telle majorité n'est requise dans aucune autre élection au monde.

Ce scrutin a montré une unité évidente entre les cardinaux électeurs qui, dans ce Conclave comme jamais auparavant, représentaient beaucoup de pays différents, dont de nombreux pays du Sud. L'Église a fait preuve d'une créativité et d'une unité qui n'ont pas toujours été comprises par l'opinion publique et les médias. Aujourd'hui, le pape est un leader spirituel et mondial dont la pertinence et l'influence morales sont indéniables, même s'il ne représente aucune puissance politique, économique ou militaire.

Dans les années à venir, le pape Léon dirigera l'Église dans un contexte mondial particulièrement complexe, où la logique de guerre s'est affirmée et où la logique du marché (avec trop peu de règles) s'impose à la raison éthique. Les défis de la technologie et des nouvelles technologies, y compris l'intelligence artificielle, posent des questions sans précédent aux gouvernements et aux sociétés du monde entier. S'adressant aux cardinaux réunis à Rome pour un échange de visions sur l'Église et l'avenir, Léon XIV a commencé par exposer certains des choix de son pontificat, précisément sur cette dernière question. Il a déclaré : « J’ai pensé à prendre le nom de Léon XIV. Il y a plusieurs raisons, mais la principale est que le pape Léon XIII, avec l’encyclique historique Rerum novarum, a affronté la question sociale dans le contexte de la première grande révolution industrielle et qu’aujourd’hui, l’Église offre à tous son héritage de doctrine sociale pour répondre à une autre révolution industrielle et aux développements de l’intelligence artificielle, qui apportent de nouveaux défis dans la défense de la dignité humaine, de la justice et du travail ».

Un pape attentif à la question sociale, avec une sensibilité au sujet mûrie au cours de nombreuses années de ministère sacerdotal et épiscopal dans le contexte latino-américain, en particulier au Pérou (dont il est citoyen), où il a été confronté aux grandes questions de la pauvreté, du chômage, de la justice sociale, du changement climatique et de leur impact sur les sociétés.

Le pape Léon a une vaste expérience du monde, qui va au-delà de sa patrie américaine et de sa citoyenneté péruvienne, puisqu'il a été pendant douze ans à la tête de la Congrégation religieuse des Augustins, qui a des branches dans les pays les plus divers. En tant que supérieur, il a voyagé pour rencontrer les communautés augustiniennes du monde entier et a touché du doigt les contextes humains, sociaux et religieux dans lesquels opèrent ces communautés. C'est un pape qui connaît bien Rome et le Vatican : en tant que supérieur religieux, son siège était à Rome, à deux pas du Vatican, et il y a deux ans, François l'a appelé à présider l'important Dicastère pour les Evêques, et il l'a toujours associé à ses récents voyages internationaux : cela a donné au futur pape l'occasion de connaître la vie de nombreuses Églises locales et de nombreux évêques. Le cardinal Prévost a également été membre (comme conseiller) de plusieurs Dicastères de la Curie romaine. Le pape François a certainement vu en lui une personne capable d'assumer des fonctions de gouvernance, notamment grâce à sa longue expérience pastorale à la tête d'un ordre religieux en tant que missionnaire et évêque.

Voilà un profil encourageant et adéquat pour l'avenir. Le profil d'un homme qui possède une grande expérience internationale, parmi les plus proches collaborateurs du Pape François, capable de donner une continuité et une réalisation aux intuitions les plus significatives du pontificat de François, avec un style différent dans les symboles. Ses premiers mots ont été : paix, dialogue, construction de ponts, qui montrent son intention d'exercer un ministère d'unité dans un monde déchiré et de défense de la dignité humaine selon l'inspiration évangélique et ecclésiale.

[traduction de la rédaction]

 


[ Marco Impagliazzo ]